Lorsqu’il s’agit de la santé de la femme, force est de constater un manque d’information majeur. Voilà un constat qui fut bien amer pour Aïssatou Sidibé ayant appris qu’elle avait 4 fibromes d’une façon assez brutale et qui selon elle, aurait pu être évitée si elle avait été mieux informée. Aïssatou Sidibé a su tirer de bonnes leçons de son expérience et c’est avec une grande détermination qu’elle a fondé l’Association « Vivre 100 Fibromes » dans le but de sensibiliser et d’informer les femmes sur le fibrome utérin.

Aujourd’hui, elle va partager avec nous ses connaissances et son expérience sur le sujet.

Sans plus tarder, voici l’interview avec Aïssatou Sidibé.

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Qu’est-ce qu’un fibrome ?

Un fibrome est une tumeur bénigne non cancéreuse qui se trouve principalement au niveau de l’uterus. Il arrive d’en avoir un ou plusieurs.

 Sa  taille peut varier d’un petit pois à  la taille d’un pamplemousse et concerne une femme sur cinq en âge de procréer et dans la communauté noire elle touche  une femme sur trois. A l’heure actuelle nous ne connaissons pas encore la cause des fibromes. 

Quels sont les principaux risques liés aux fibromes utérins?

 Dans la majorité des cas, les fibromes utérins ne posent pas de problèmes, on dit qu’ils sont asymptomatiques mais dans certaines situations ils  peuvent devenir très  problématiques. En effet, ils peuvent provoquer une perte sanguine importante durant les menstruations , de l’anémie, des douleurs au bas du ventre, une pesanteur abdominale, des douleurs lors des relations sexuelles, de l’infertilité et parfois même , une  fréquente envie d’uriner  car les fibromes peuvent appuyer sur la vessie. 

Les fibromes s’accompagnent-t-ils toujours d’endométriose ? 

Très souvent une femme qui a des fibromes à également de l’endométriose et inversement. Les deux vont souvent de pairs, les symptômes, les médicaments, et la prise en charge sont quasi similaires à quelques différences près. 

Tout comme l’endométriose, les fibromes utérins sont peu connus et le délai de diagnostic peut se faire très tardivement, il est donc primordial de dépister le plus tôt possible ces maladies afin de débuter très rapidement la prise en charge.  

Quand et comment as-tu appris que tu avais des fibromes ?

 Lorsque j’ai appris l’existence de mes fibromes ils étaient déjà à un stade avancé, c’était en Novembre 2013 et j’étais à l’hôpital sur une civière. Je m’étais réveillée en pleine nuit avec des douleurs thoraciques provoquées par un manque de sang dans mon corps, je pensais alors faire une crise cardiaque ou avoir un cancer du sang.  J’ai dû recevoir des transfusions sanguines et après quelques examens le diagnostic est tombé, il ne s’agissait pas d’un problème cardiaque, mais gynécologique : 4 fibromes logés dans mon utérus dont le plus gros était de 6 cm, confirmé à travers une échographie pelvienne. 

A ma sortie de l’hôpital on m’a prescrit la pilule contraceptive et un mois après j’ai fait une réaction au médicament : une thrombophlébite (caillot dans la jambe ) , nécessitant une deuxième hospitalisation plus longue et plus dure sur le plan physique mais aussi mental. Par la suite, je me suis tournée vers une médecine complémentaire à travers les plantes mais aussi l’acupuncture et l’ostéopathie.

Penses-tu qu’il y aurait eu un moyen de détecter ton fibrome plus tôt ? Si oui, lequel ?

Oui bien sûr ! A travers l’information. Je n’avais jamais entendu parler de fibrome avant de tomber malade, lorsque je l’ai découvert j’étais déjà aux urgences. Si je connaissais les symptômes j’aurais pu consulter plus rapidement et commencer très tôt la prise en charge.  

Aïssatou Sidibé Aïssatou Sidibé

En quoi cela a-t-il changé ta vie de tous les jours ?

J’ai changé radicalement mon hygiène de vie : je mange mieux, dort mieux, je prends le temps de respirer, j’ai  changé momentanément de milieu de travail pour diminuer mon stress. Je suis devenue actrice de ma santé en m’informant, en lisant non pas que sur les fibromes mais sur de nombreux problèmes de santé touchant la femme.

Ma vie a  également changé dans le sens où je suis désormais consciente de la chance que j’ai d’être en vie est d’être en santé. C’est le plus beau cadeau que la vie puisse nous offrir. Je trouve juste dommage qu’il m’ait fallu passer par une hospitalisation et le décès d’un proche pour réellement prendre conscience de la beauté de la vie. 

Qu’est-ce qui a été le plus dur à vivre pour toi face à cette situation, et comment as-tu réagis ?

Le plus dur a été l’éloignement familial, je vivais seule au Canada , et le fait d’être malade  dans un pays inconnu loin de ma famille a été  extrêmement difficile à vivre. Mes amis m’ont beaucoup aidé à traverser cette période. Ma foi m’a beaucoup aidé également et je remercie Dieu de m’avoir aidé à devenir une femme plus forte.

 Auparavant je n’avais jamais été hospitalisée. En tant qu’infirmière, le milieu hospitalier m’était familier mais le fait d’y être en tant que patiente a été une toute autre expérience. Il m’a été très difficile de voir mon métier sous un autre angle, c’était à mon tour de recevoir des soins en tant que malade, d’avoir de la nourriture fade sans goût, de me retrouver à nu dans un milieu hospitalier inconnu mais pourtant très familier , j’ai véritablement compris le sens de ma profession à travers mes yeux de patiente. 

Parles-nous un peu de Fibromelles?  Date de création, structure, but et modèle d’intervention 

Après mes deux hospitalisations, je souhaitais rencontrer et échanger avec des femmes ayant vécu la même situation que moi, et je ressentais le besoin de transmettre de l’information sur les fibromes, alors j’ai décidé de créer un blog du nom de Fibromelles afin d’informer davantage les femmes sur les fibromes et ce, à travers mon expérience personnelle.

 Un an après j’ai décidé de me lancer avec d’autres femmes et de créer l’association « Vivre 100 fibromes » pour avoir une vision plus large du problème et pour représenter les femmes vivant au Canada. L’objectif principal est l’amélioration de la prise en charge du fibrome utérin qui passe par : l’information, la sensibilisation et la prévention. 

 Nous travaillons actuellement avec des professionnels de la santé au canada : acupuncteur, herboriste, ostéopathe et gynécologue. Le but est de créer prochainement un site internet accessible à tous afin de représenter l’ensemble des professions de la santé liées aux fibromes utérins. La collaboration interdisciplinaire est la clé de la réussite de ce fabuleux projet.

Qu’en est-il de « Yoga pour Elles » ? S’agit-il d’une activité en lien avec Fibromelles ? et quels sont les bienfaits de cette activité ?

« Yoga pour Elles » est naît d’un projet pilote à l’initiative d’une professeure de yoga Isabelle Mimeault et moi même,  ce projet a démarré en février dernier sous forme de 5 séances concernant  la santé des femmes au niveau de l’information mais aussi de la sensibilisation . Des professionnels de la santé sont venus nous parler de nombreux sujet touchant la santé des femmes. Par exemple, une étudiante en naturopathie nous a informé sur l’utilisation de plante vaginale et une massothérapeute nous a éclairé sur la pratique du massage pelvien en cas d’endométriose. Nous avons également reçu la visite de  l’organisme Serena Québec qui milite pour la connaissance de la méthode symptô- thermique .

L’activité «  Yoga pour Elles »  est aussi une plateforme sociale  qui permet de rompre l’isolement des femmes. 

Cet été « Yoga pour Elles » s’est exporté au parc Jarry avec une activité autour de l’alimentation. Nous avons organisé  un pique nique santé « apportez votre plat végé » avec la collaboration de trois organismes  : endométriose Québec, dryade herboristerie et Thats yoga. Un très beau moment de détente, de partage, d’échange, de réseautage et surtout d’information.

La prochaine séance aura lieu le Vendredi 30 Septembre et nous serons heureuses de rencontrer de nouvelles personnes voulant en savoir plus sur notre organisation !

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Comment y participer ?

C’est très simple, en envoyant un message à la page Facebook du blogue @Fibromelles  ou par courriel à fibromelles@gmail.com

 

Un dernier mot sur la sante de la femme ? 

 Nous devons prendre notre santé en main et nous pouvons y arriver en agissant ensemble. Il suffit d’en prendre conscience, d’y mettre de la volonté, de s’informer et d’oser en parler tout simplement.  

 

Merci Aissatou !

 

 

 

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Fama
FOUNDER AND EDITOR IN CHIEF

I'M A THIRTY SOMETHING YEARS-OLD WOMAN TRYING TO INSPIRE OTHER WOMEN AND GET INSPIRED MYSELF.